Non, suis-je bête ! Trop tôt disparus, vous n'êtes plus là pour enchérir. Mais je suis sûr pourtant que vous m'écoutez et que vous me soufflerez quand ma mémoire faillira.

Toi, Jacques, mon cousin de quatre mois mon aîné, presque mon jumeau... Toi, Jean-Claude, notre oncle de seulement cinq ans plus âgé, presque notre grand frère... Je vais nous faire revivre quelques instants de bonheur si simple !

Vous souvenez-vous de ces dimanches matins à Maison-Carrée ? En guise d'apéritif, accompagnant l'Anisette des grands, ces petites moules achetées au litre, qui contenaient si souvent de petits crabes qui craquaient sous la dent si nous n'y prenions garde ! Ces quarts de citrons avec le jus desquels nous nous amusions à réveiller ces moules et leurs crabes... Et ces morceaux de fenouil que nous volions dans le plat de l'entrée : c'était notre Anisette à nous... Et puis ces cacahuètes entières que nous allions chercher dans la veste du grand-père ? À croire qu'il faisait exprès de remplir ses poches pour nous !

En attendant les recettes, un court extrait de "Triste dimanche"

(...)

Maman nous a préparé un repas tout simple mais délicieux : des alouettes sans tête et des pommes de terre qu'elle a fini de cuire dans le jus de la viande. Les pommes de terre, c'est la spécialité du village, alors on en mange souvent mais on ne s'en lasse pas ! Il est d'un croustillant, le gros pain pétri par Maman et cuit hier au four banal ! En entrée, elle nous a fait une bonne grosse salade frisée juste arrosée d'un filet d'huile d'olive, avec des croutons frottés à l'ail.